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Journal

6 mai 2008

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J'écoute la BO d'Amélie Poulain, et je ressens ça comme si c'était moi qui avait vécu cette histoire, comme si j'avais été Amélie Poulain et que tout ce film, c'était ma vie. Je réalise qu'en fait cette musique berce vraiment une période de ma vie, celle où j'ai découvert le pouvoir des écouteurs. Avant, je n'avais jamais vraiment eu envie de posséder un mp3 et de m'isoler dans mon propre monde, je ne savais pas ce que ça pouvait procurer.
C'était surtout, bien sûr, la période où je voyais J., où on partageait des choses autour d'un café, où on se baladait dans des endroits où normalement les amoureux vont. On avait l'impression de tout savoir, de vivre cette relation naturellement, de ressentir la même chose, comme ce dont rêve toute fille un peu fleur bleue et qui pourrait lui faire pousser des cris hystériques. En vrai je n'ai jamais ressenti ça pour quelqu'un dont j'étais amoureuse, parce qu'à partir de ce moment là je me pose toujours trop de questions pour parvenir à ce stade de plénitude.
On avait partagé notre ressenti avec J., on pensait la même chose d'Amélie Poulain, on l'avait regardé plus tard que les autres pour fuir la masse populaire au moment de la sortie du film. Et moi je me doutais en en parlant qu'il aurait aimé ce film, comme moi, sans raison, alors que c'est le genre que je critique abondamment d'habitude juste parce qu'il n'est pas subversif.
Progressivement on a cessé de se voir, sans trop savoir pourquoi. Un jour, il y a un an environ, on est allés boire un verre, et je n'avais pas envie de le voir, j'ai fait ça juste par principe, pour ne pas lui poser un lapin. Depuis je ne lui ai rien proposé, l'été est passé, et on ne s'est revu que chez lui par hasard, ça me faisait toujours plaisir, on avait toujours la même complicité, il me draguait toujours autant sans qu'il n'y ait rien à en penser de plus. Si ça se trouve on ne se reverra jamais, je pourrais très bien l'appeler mais sans trop savoir pourquoi, je ne le fais pas.
C'est comme si j'avais mûri depuis l'année dernière, j'ai compris que malgré toutes nos choses en commun (j'en ai même découvertes d'autres depuis), cette relation ne se transformerait jamais en celle d'un couple, parce que nous étions trop différents malgré tout, dans notre vision de la vie, dans ce que nous deviendrions. Peut être que lui l'avait compris bien avant, je ne le saurai jamais vraiment. Etre consciente de tout ça devrait me permettre de profiter pleinement d'une amitié avec lui, mais je n'en fais rien, et ça ne me dérange même pas.
C'est un peu comme dans Eternal Sunshine, ça m'attriste doucement, j'ai l'impression d'être un peu trop blasée, de mettre de plus en plus les choses et les gens dans des cases, comme si l'existence était une immense maison de poupée où chacun devait  occuper la bonne place et demeurerait toujours assis là, contraint par sa propre vie. C'est une chose que j'ai toujours détestée chez les autres, surtout chez mes parents.

Comme d'habitude je suis très encline à la nostalgie, écouter Tiersen m'y pousse.

Je suis dans une période qui ressemble beaucoup à celle des vacances de Pâques, je me lève le matin tôt, il fait beau, ça me réjouit mais je n'en profite pas, l'engrenage du travail est enclenché, je révise feuille après feuille, mot après mot, dans une régularité pathétique, sans être productive pour autant. J'expose ma peau au soleil une fois par jour, le soir je regarde un film, je n'ai ni l'impression de souffrir ni celle d'être heureuse.

Tout à l'heure j'ai regardé mon pied, j'y ai vu un enchevêtrement de veines, sur le côté. J'ai juste pensé que j'étais en vie, que je n'étais qu'un corps qui fonctionnait, un être sans doute un peu complexe. J'aurais pu entrer dans un questionnement existentiel et chercher un sens à ma vie, mais au lieu de ça j'ai passé mon index sur ma peau et je suis retourné à mon écran de pc.

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